Interview de… Téodoro Bartuccio (VCA du Bourget)

A 39 ans, le Directeur sportif du Vélo Club de l’Agglomération du Bourget (VCAB) Teodoro Bartuccio donne une nouvelle direction à son parcours de passionné du cyclisme. Celui qui a débuté le vélo à 8 ans, créé le club de Drancy (ancètre du VCAB) à 26 ans et monté une équipe de Division nationale 10 ans plus tard, veut désormais consacrer son temps au combat pour la sécurité des cyclistes. Entretien.

                          « Aller au bout du projet Mon vélo est une vie »

 

Radio Peloton : Quel bilan tires-tu de la saison sportive 2017 du VCAB ?

Téodoro Bartuccio : Positif ! Ma réponse va sembler étonnante puisque nous n’avons pas eu de victoire, mais je tire un bilan très positif –au niveau sportif- de cette année du VCAB. Pourquoi ? Parce qu’il est conforme à notre projet de départ. Lorsque nous avons décidé de monter une équipe de Division Nationale en 2015, la première année devait être consacrer à la découverte, et la deuxième à la formation des jeunes. On a réussi, et je suis satisfait de voir que nos coureurs sont très sollicités par les autres clubs : c’est bon signe !

 

 

Radio Peloton : Du coup, on ne comprend pas bien cette décision de stopper la DN3. Quelle est l’explication ?

T.B : Ça peut être compliqué à comprendre de l’extérieur, mais cette équipe est liée à ma personne depuis le début. J’ai créé le club en 2005 (à l’origine Drancy Sport), j’en ai été le Président puis salarié depuis 2009 et à l’initiative de l’équipe DN : ça semblait précipité et surtout trop risqué de mettre quelqu’un à ma place en si peu de temps. Et comme je voulais m’investir et aller au bout du projet « Mon vélo est une vie », il fallait faire un choix. C’est pourquoi, après mures réflexions partagées avec mon entourage et le Président du VCAB, nous avons décidé de ne pas solliciter notre place en DN3 l’année prochaine.

Radio Peloton : Tu veux t’investir sur Mon vélo est une vie : peux-tu déjà revenir sur l’origine de ce mouvement ?

T.B: Quand j’ai appris le décès de Grégoire Somogyi,ancien coureur de l’ESC Meaux, (décédé en mai 2017, percuté par un poids lourd à l’entrainement, ndlr), ça m’a fait un choc. Déjà parce que je le connaissais, mais en plus, après Michele Scarponi, j’avais l’impression d’une progression des accidents mortels de cyclistes. J’en ai parlé à ma femme le soir même en lui disant qu’au-delà de l’émotion, il fallait agir pour que ça s’arrête. J’ai appelé Niels Brouzes et on s’est mis d’accord pour organiser un rassemblement. En hommage à Grégoire, mais aussi pour alerter les pouvoirs publics des dangers vécus par les cyclistes au quotidien.

 

Radio Peloton : Tu as été reçu plusieurs fois par les pouvoirs publics, sans résultat ?

T.B: On ne peut pas dire ça. Nous avons été reçus deux fois par la Directrice de cabinet du Ministère des sports, une fois par le ministère de l’intérieur. Nous sommes écoutés par des personnes qui ont envie de changer les choses. Mais il manque la volonté politique pour débloquer les budgets nécessaires pour accélérer le système et s’y mettre. Du coup, rien de concret pour l’instant. Pour autant, il y a une prise de conscience, c’est déjà un premier pas.

Radio Peloton : Quelle suite veux-tu donner à ton projet ?

T.B: Nous avons décidé de mettre en place des comités régionaux « Mon vélo est une vie ». L’idée est de multiplier les actions de sensibilisation dans les régions. Nous visons la sensibilisation d’un public scolaire : pour eux en tant que jeunes cyclistes, mais aussi en tant que prescripteur auprès des parents quand ils sont en voiture, et enfin en tant que futurs conducteurs. On a demandé à l’Etat que cette sensibilisation devienne obligatoire.

Nous avons aussi le projet de diffuser une campagne de prévention sur les réseaux sociaux, revendiquer l’aménagement de pistes cyclables et enfin pénaliser ceux qui ne respectent pas les cyclistes sur les routes.

Radio Peloton : On a l’impression d’une sorte de rivalité avec « la route se partage » : c’est le cas ?

T.B : Non, ce n’est pas de la rivalité. Je respecte le travail des membres de cette association et c’est une bonne chose d’être nombreux à être sensibilisés à cette question. Je dis juste que même si elle est respectable, l’action de « La route se partage » reste de la communication (sur le Tour de France et les grandes courses) et ça ne suffit pas à apporter concrètement de la sécurité aux cyclistes. Ce que je ne veux pas, c’est que l’Etat considère avoir fait le job en finançant cette association (et accessoirement pas la notre). Mais encore une fois, je ne critique pas « La route se partage ».
Je suis convaincu que nous devons travailler ensemble, être complémentaires.

Téodoro Bartuccio. (Photo page Facebook, VCABoys).

 

 

 Radio Peloton  : Revenons au VCAB, quel projet pour 2018 ?

T.B : Nous poursuivons sur une logique de formation et de progression des jeunes, notamment en 2ème et 3ème catégorie qui seront encadrés par Anthony BARE (dirigeant des 2ème) et Quentin NOJAC.
Cette année, nous avons 90 licenciés dont presque un quart en école de vélo : on va poursuivre cet effort de promotion de notre sport là aussi.
A titre perso, je reste Manager du club en plus de « Mon vélo est une vie ». Et comme il faut montrer l’exemple, le club va faire des interventions de sensibilisation dans les écoles primaires à Drancy. On commence demain (interview le 13 novembre 2017, ndlr) !

Radio Peloton : L’année du VCAB s’est conclue par un drame terrible avec le décès de Mathieu Riebel, formé à l’EC Montgeron-Vigneux. On imagine que ce moment a été terrible pour toi et le VCAB ?

T.B : Oui, j’ai vraiment mal vécu ce drame. Ça m’a vraiment touché, et encore maintenant, il ne se passe pas une journée où je ne pense pas à Mathieu. J’ai perdu un copain… Que dire ? Il était trop jeune. A 20 ans, mourir sur son vélo… Il n’y a pas de mots pour expliquer ce que je ressens.
Comment expliquer qu’un jeune meure par passion sur son vélo. Je n’arrive pas l’encaisser.

Et évidemment, c’est la même chose pour les autres dirigeants et coureurs au niveau de VCAB. Il faut savoir que j’ai toujours voulu développer un coté familial dans notre équipe nationale. Tous se voyaient en dehors du vélo, tous étaient des copains de Mathieu.
Tout le monde l’a très mal vécu, et on continue encore aujourd’hui à le vivre très mal.

Photos : page Facebook du VCA du Bourget.

Propos recueillis par Christophe Dague.

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L’interview de… Adrien GAREL (Vital Concept)

Adrien Garel, issu de la formation bretonne du VC Pays de Loudéac la saison passée, est en pleine progression. Le Balnéolais de 21 ans a conquis le maillot de Champion d’Europe du Scratch à Berlin en octobre dernier. En 2018, il évoluera au sein de l’équipe Continental-Pro Vital-Concept.

« Prévu de courir sur le circuit pro en 2018? Non mais j’y pensais. « 

Radiopeloton: Adrien, comment s’est passée ta saison au sein du VC Pays de Loudéac ?

Adrien Garel:  Mieux que je l’aurais pensé. J’ai été tout suite très bien accueillis et l’ambiance était très bonne. Ça m’a permis de me sentir très à l’aise et confiant pour la saison. J’ai fait un bien débuté avec une victoire le jour de mon anniversaire mais reste déçu de mon Tour de Bretagne. Ma fracture de clavicule m’a mis un frein et j’ai loupé mon mois de juin… Après j’ai vite voulu revenir pour les Championnats d’Europe Espoir, ce qui, malgré ma médaille, m’a coûté beaucoup de jus. J’ai quand même pris énormément de plaisir sur le Tour de l’Avenir en Bretagne en août. Passer du temps avec des coéquipier qui sont d’habitude des adversaires est assez plaisant! En septembre, la condition était revenue, mais pas de résultats malgré l’aide apportée par mon équipe sur Paris-Tours.

 

Radiopeloton: Quelle course t’a le plus marqué ?

Adrien Garel: Je dirais la classique du Morbihan car gagné le jour de mon anniversaire. C’était juste exceptionnel! Je pense ne jamais revivre ça. Je sais la chance que j’ai eu!

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Crédit Photo: Le Télégramme

Radiopeloton: Tu passes pro dans la formation de Jérôme Pineau la saison prochaine. Avais tu prévu de courir le circuit pro en 2018 ?

Adrien Garel: Prévu de courir sur le circuit pro en 2018? Non mais j’y pensais. Je fais du vélo car ça me plaît mais j’ai toujours rêvé de passer pro! Lorsque j’étais petit, je mettais toujours cycliste professionnel dans le métier que j’aimerais faire dans ma fiche de renseignements en classe. Donc j’y pensais mais je m entraînais pour faire des résultats dans le présent. Mais de ceux-ci découle souvent un contrat.

Radiopeloton: Quel sera ton rôle ?

Adrien Garel: Je ne connais pas mon rôle mais c’est sur que je ferais le taff! Je serais là pour apprendre tout en me faisant plaisir. Je serai là pour l’équipe et si j’ai ma chance je la saisirai!

 

Radiopeloton: Comment vas-tu effectuer ta préparation hivernale ?

Adrien Garel: Je vais changer un peu, en incorporant plus de prépa physique en dehors du vélo. Mais sinon, rien d’autre; à part rouler plus bien évidemment car on aura plus de stages.

 

Radiopeloton: Un mot sur ton titre de champion d’Europe du scratch : est-ce une surprise ? Comment qualifierais tu ta performance ?

Adrien Garel: Une surprise? Je ne sais pas. Je croyais en moi et j’ai tout fait pour faire la meilleure perf. Je suis donc heureux que ça ait marché! J’ai prouvé que j’étais capable de le faire. Peu auraient mis une pièce sur moi je pense, mais le sport, c’est ça. Il faut croire en toi et prouver que tu es capable de! Cela te fait grandir et progresser. J’espère retrouver une place sur les disciplines par équipe mais le team champion d’Europe est très fort et il faudra travailler dur!

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Crédit photo: LOOK Cycle

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Interview de… Jérémy Lecroq (Vital-Concept)

Jérémy LECROQ, ancien junior d’ Argenteuil Val de Seine, passé pro en 2017 au sein de Roubaix Lille Métropole, est un de ces coureurs franciliens qui performent en province. La saison prochaine, celui-ci rejoindra Jérôme Pineau dans sa nouvelle formation Vital Concept en Continental Pro en 2018.

Jérémy s’est confié à RadioPeloton…

 

« son projet pour les jeunes dans mon cas est très intéressant: il veut me faire progresser dans les meilleures conditions. »

 

RadioPeloton: Jérémy, comment s’est passée ta saison 2017 au sein de Roubaix Lille Métropole ?

Jérémy Lecroq: ma première saison professionnelle au sein de l’équipe Roubaix Lille Métropole s’est vraiment très bien passée pour ma part.  Et ce, malgré ma grosse blessure juste avant le championnat de France pro qui m’a écarté de peloton pendant 2 mois et demi. Je me suis très bien adapté au monde professionnel, et mon équipe m’a vraiment laissé l’opportunité de m’exprimer sur plusieurs courses de jouer ma carte. C’était vraiment top!

 

RadioPeloton: Quelle course t’a le plus marqué?

Jérémy Lecroq: J’ai vraiment beaucoup aimé le Tro Bro Leon et les 4 jours de Dunkerque

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RadioPeloton: Tu te diriges la saison prochaine vers la toute nouvelle formation Vital Concept. Pourquoi ce choix ?

Jérémy Lecroq: Et bien parce que Jérôme Pineau a été le premier à s’intéresser à moi. Il n’a pas été le seul, mais le premier. De plus c’est un nouveau projet un nouveau départ pour tout le monde. Son projet pour les jeunes dans mon cas est très intéressant: il veut me faire progresser dans les meilleures conditions. Celui-ci nous propose également un beau calendrier de courses. Cette proposition était plus qu’intéressante. Je ne pouvais pas dire non.

 

RadioPeloton: Quel y sera ton rôle?

Jérémy Lecroq: Mon rôle? Je ne le connais pas encore,.iI sera sûrement déterminé lors des premiers stages. Mais voilà; Jérome m’a fait comprendre qu’il voulait développer ma qualité qu’est celle du sprint donc j’espère avoir ma carte sur certaines courses. De plus, j’espère être amené sur quelques course à travailler aux côtés de Bryan Coquard pour continuer de progresser et apprendre avec.

 

RadioPeloton: Comment vas tu effectuer ta préparation?

Jéméry Lecroq: La préparation sera assez similaire à celle de l’an dernier. Ce que je vais ajouter c’est les watts. Je vais disposer d’un capteur de puissance pour mieux travailler a l’entraînement. Ensuite j’aurai un stage en décembre en plus par rapport à l’an dernier, où je vais partir avec l’équipe en Espagne. Je vais effectuer de la musculation, de la course à pied, du VTT et évidement de la route. Je vais tout faire pour qu’elle se passe au mieux.

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Interview de… Stéphane Izoré

Tombé dans la marmite du cyclisme au club d’Aulnay-sous-Bois (93) dès son plus jeune âge, l’actuel entraîneur au Pôle Espoirs d’IDF Stéphane IZORE a, à 48 ans, une expertise sur son milieu qui en fait un acteur incontournable du vélo en France. Turgis, Vigier et des centaines d’autres lui doivent d’avoir trouvé, à un moment clé de leur carrière, le bon équilibre entre études et sports de haut-niveau.
C’est d’ailleurs tout l’enjeu du Pôle Espoirs IDF, situé depuis 6 ans au CREPS de Chatenay-Malabry (Hauts-de-Seine), auquel Stéphane est très attaché. Rencontre.

« Je suis un fervent défenseur de la lutte contre le dopage »

Radio Peloton : Stéphane, qu’est-ce qui t’as amené à devenir entraineur cycliste ?

Stéphane Izoré : Après plusieurs années de cyclisme (route, piste et cyclo-cross) au club d’Aulnay, j’ai dû faire un choix entre un investissement à temps plein dans le cyclisme en 1ère catégorie et mes études. A 20 ans environ, j’étais en licence de maths et j’ai fait le choix des études.
A ce moment charnière de ma carrière, j’ai eu des doutes sur la façon dont je m’étais entrainé. Je voulais mieux comprendre les mécanismes et j’ai donc passé un Brevet d’Etat (BEES1 ; Stéphane obtiendra le BEES2 –ancêtre du DEJEPS- en 2010, NDLR). A l’issue de ce premier brevet d’Etat., et après une année de service militaire, je suis devenu entraineur au CSM Clamart. Progressivement, je suis devenu Assistant Technique Départemental (ATD) des Hauts-de-Seine, entraineur du Pôle Espoirs à Melun (sous l’ère Jean-Pierre Demenois) jusqu’en 2006, année pendant laquelle Patrice Cossard a voulu redonner au Pôle Espoirs une dimension plus forte et plus pérenne. J’ai été choisi pour encadrer ce Pôle. Depuis, salarié du CIF, je partage 2/3 de mon temps au Pôle Espoirs, et 1/3 sur la formation, sélection et stage.
Côté compétition, j’ai arrêté (sur une victoire !) en 2002 en catégorie régionale (équivalent 3ème).

Radio Peloton : Quel est l’objectif du Pôle Espoirs ?

Stéphane Izoré : Le pôle Espoirs repose sur le principe du double projet éducatif et sportif avec une priorité sur les études, à savoir l’obtention du Bac. J’ai la fierté aujourd’hui de pouvoir afficher un taux de réussite proche des 100% à cet examen.
Côté sportif, le pôle Espoirs n’est pas là pour faire des coureurs professionnels : il est là pour que les coureurs atteignent leur meilleur niveau possible. Toutes les détections du monde ne peuvent voir que des potentiels dont seul l’avenir pourra nous dire si ce potentiel est accompagné d’une bonne vision tactique en course par exemple et donc de résultats de haut niveau.
J’ai coutume de dire que je ne fais que « préparer le moteur » : mais ça ne suffit pas pour être un grand champion ! Il peut y avoir des coureurs immédiatement exceptionnels à tous les niveaux : c’est le cas de Tanguy Turgis pour qui je n’ai finalement pas eu beaucoup de travail à faire ! Mais tous n’ont pas ce profil « parfait ».

 

Radio Peloton :  Comment se fait la sélection pour entrer au Pôle Espoirs ?

Stéphane Izoré : Au regard de la philosophie du Pôle, nous regardons -avant même le niveau d’étude-, le comportement en classe. Un élève studieux et attentif a plus de chance d’être sélectionné qu’un élève indiscipliné, même si ce dernier a de meilleurs résultats en classe.
Ensuite, nous procédons à l’étude de tests physiologiques, réalisés à l’extérieur. Des coureurs qui n’ont pas encore eu de résultats, même en Juniors 1, peuvent avoir un réel potentiel à exploiter. Mon rôle est de détecter ce potentiel et de les faire ensuite monter en puissance.
Le Pôle s’adresse donc à des coureurs déjà très bons qui veulent pouvoir vivre leur passion tout en faisant leurs études ainsi qu’à des jeunes meilleurs en étude voulant progresser dans le cyclisme. Toujours le « double projet » : c’est vraiment essentiel.
J’ajoute qu’il n’y a pas de cooptation pour entrer au pôle : je ne sollicite personne. Ce sont les jeunes qui choisissent de candidater ou pas.

Radio Peloton : Tu vis comment ton rôle au Pôle ?

Stéphane Izoré : Je suis à la fois entraîneur, mais aussi coordinateur de tout ce qui se passe au Pôle. C’est moi qui sollicite les préparateurs physiques, qui prend les rendez-vous médicaux, qui gère les plannings d’entrainement de chacun, qui fait le lien avec les familles pour les questions scolaires etc.

Radio Peloton :Tu as des liens avec les clubs des jeunes sportifs ?

Stéphane Izoré : Honnêtement, c’est assez inégal en fonction des clubs. Mais ce serait mon souhait de nouer des liens plus réguliers, je dirais même de confiance, avec les clubs, notamment parce que nos entrainements sont basés sur les objectifs des clubs. Ce n’est pas moi qui décide des moments où le coureur doit être en forme : c’est son directeur sportif. Ce qui est normal puisque les sportifs courent 98% du temps sous les couleurs de leur club.
Par ailleurs, si nous avions plus de liens, cela pourrait notamment éviter des doubles discours qui, je crois, portent préjudice aux coureurs.

 

Radio Peloton :Tu interviens en amont et en conseil des sélections IDF pour les courses nationales : les coureurs du Pôle sont avantagés ?

Stéphane Izoré :C’est tout le contraire ! Comme je sais « tout » des sportifs du Pôle, je suis beaucoup plus exigeant envers eux. Il m’est arrivé de demander à Francis Coquoz de ne pas sélectionner un jeune en raison de son attitude à l’entrainement, ou de problèmes de discipline au lycée. Et ça, je ne peux pas le voir pour ceux ne sont pas au Pôle.
Donc, les gens qui pensent qu’être au Pôle est synonyme d’être en sélection se trompent complètement.
Par exemple, pour la première sélection de la saison, c’est tout bête : on va à la Ferté Gaucher en mars (Boucles de Seine -et -Marne) et on prend les six meilleurs franciliens au classement, auxquels nous ajoutons « deux jokers ». Pôle ou pas Pôle !

Radio Peloton : Si tu avais plus de moyens, que souhaiterais-tu améliorer au pôle ?

Stéphane Izoré : Ben… Déjà les moyens ! Si je possédais du matériel plus pointu, type capteurs de puissance par exemple, je pourrais travailler avec plus de précision pour les coureurs.
Si nous avions, je te parle dans l’idéal, des vélos pour éviter que les jeunes aient à emmener le leur tous les lundis : ce serait vraiment plus simple à gérer pour eux.
J’aimerais aussi plus de lien avec les clubs : qu’on soit sur le même discours pour le coureur.
Enfin, toujours dans l’idéal, il faudrait trouver des aides financières pour les familles. Le coût d’une année au Pôle espoir est assez élevé (5300€/an, ndlr) et c’est un frein pour beaucoup y compris pour des sportifs de haut-niveau.

Radio Peloton :Peux-tu me raconter une semaine « type » pour un jeune du Pôle ?

Stéphane Izoré :Nous avons un aménagement scolaire qui libère tous les coureurs à 15h les mardis, mercredis et jeudis.
Le lundi : Récupération ou repos. On en profite pour faire le débriefing de leur course (pas de la course en général, mais bien de leur course !).
Le mardi : Les Juniors 2 vont rouler. Les cadets et J1, sauf certaines périodes de l’année, sont au repos.
Le mercredi : une sortie entre 2h30 et 4h de route, donc plutôt du foncier.
Le jeudi : Travail spécifique. On part avec l’ensemble du groupe et chacun, en fonction de son objectif, a un travail à faire.
Le vendredi : Ils rentrent chez eux.
Le samedi : une petite sortie avant la course du dimanche.
Et évidemment, ce n’est que l’entrainement. Il faut y ajouter le lycée (à 10mn du CREPS), les rendez-vous médicaux, kiné, préparation mentale, musculation etc.

 Radio Peloton : D’après toi, comment pourrait-on améliorer la filière haut-niveau en France ?

Stéphane Izoré : En France, nous avons mis un peu temps à comprendre que la pierre angulaire pour le sport de haut-niveau devait être l’entraineur. Les anglos-saxons l’ont compris il y a 30 ans. De la même façon, la préparation mentale entre dans les mœurs depuis 3 ans quand d’autres pays le font depuis bien plus longtemps.
Mais maintenant que c’est accepté, je pense que le système est bon, avec des moyens qui permettent aux sportifs d’exprimer leur potentiel.

Radio Peloton :Quels sont tes liens avec le CTR ? Avec le CIF ?

Stéphane Izoré : Le CTR est mis à disposition au Comité par le Ministère de la Jeunesse et des Sports. Il a, entre autres, la responsabilité du développement du cyclisme francilien, des sélections, des formations et de l’équipe technique régionale dont je fais partie et j’ai donc des liens permanents et quotidiens avec lui ! S’il peut me consulter quand il le pense nécessaire, c’est lui qui prend les décisions.
Le CIF est mon employeur : c’est donc déjà un lien de salarié avec son employeur. Patrice Roy (Président du CIF, ndlr) est mon patron et c’est donc à lui que je dois rendre des comptes en priorité (même si j’en rends aussi et surtout au CTR, aux clubs, aux coureurs, aux parents…).

Radio Peloton: Quel est ton meilleur et ton pire souvenir en tant qu’entraineur du Pôle ?

Stéphane Izoré : Mon meilleur souvenir, c’est le sportif du Pôle qui a ramené le premier titre de Champion de France et une sélection au Championnat du Monde : Alexandre Billon.
Je me permets un deuxième à égalité : le titre de Champion de France à l’américaine de la paire Riebel/Millasseau : une équipe 100% pôle espoir !

*Le pire, l’arrêt sportif de Matthieu Legrand. C’était un potentiel extraordinaire qu’on a dû exclure du Pôle à cause de son comportement scolaire très moyen. Revenu chez lui, il a retrouvé un bon niveau scolaire, mais le vélo l’a un peu lâché. Je le regrette vraiment.

Radio Peloton :Pour finir, un mot sur le dopage. Tu penses comme beaucoup que les choses se sont améliorées ?

Stéphane Izoré : Je suis un fervent défenseur de la lutte contre le dopage avec l’idée que si un coureur triche une fois, il doit être exclu définitivement de « mon sport » qu’il a sali. Je pense la même chose pour les directeurs sportifs d’ailleurs.
J’ai malheureusement l’impression qu’après une bonne évolution (donc la baisse du dopage) depuis 1998, ça a tendance à revenir. Des cadets et des juniors se font choper. Et même des départementaux, ce qui est vraiment ridicule (pour les tricheurs).
Je suis encore plus en colère contre le dopage mécanique. Ca n’est vraiment pas bon pour notre sport et ça peut décourager des jeunes de se lancer dans l’aventure du cyclisme. Les tricheurs ont une lourde responsabilité dans la baisse du nombre de licenciés en cyclisme traditionnel : j’en suis convaincu. Et au global, c’est l’image de notre sport qui en pâtit.

 

* Cette rencontre s’est déroulée la veille du décès de l’ancien pensionnaire du Pôle, Mathieu Riebel. Un accident tragique qui rend nécessairement anecdotique « tout le reste ».

Profondément affecté par cette disparition, Stéphane Izoré tient à lui rendre hommage :

Le lendemain de notre entretien, nous avons appris le décès de Mathieu Riebel survenu après une chute au Tour de Nouvelle-Calédonie. Tu souhaites lui rendre hommage :

« Je considère tous les sportifs du Pôle, que j’appelle mes loulous, comme mes enfants par procuration. C’est donc avec un déchirement profond que j’ai appris son décès. Attentif, généreux, volontaire, talentueux, aucun mot n’est assez grand pour le définir et exprimer l’affection que j’ai pour lui. J’embrasse très fort Marc et Marylène, ses parents, et leur envoie tout le soutien possible dont ils ont besoin en cette période tragique, pour eux, mais aussi pour notre sport. »

 

 

Photos : AnneVal Cadet.

 

Propos recueillis par Christophe Dague.

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Interview de… Quentin Luxeuil (Argenteuil VS 95)

Quentin Luxeuil sait tout faire ! Le coureur du président Eric Blanchon a pratiqué de nombreuses disciplines depuis ses débuts dans le cyclisme de compétitions. Mais c’est sur route qu’il sait le mieux exprimé en 2017.

« Découvrir le niveau élite »

Radio Peloton : Avec du recul, comment juges-tu ta deuxième saison chez les juniors ?

Quentin Luxeuil : Je me dis que j’ai fait une bonne année juniors 2 mais je reste convaincu que mes résultats de début de saison ne sont pas comparables avec la forme que j’avais, notamment sur les course UCI .

Radio Peloton : Et ta saison sur piste ?

Quentin Luxeuil : Ma saison sur piste a été un peu décevante j’ai pas eu de résultat, je n’arrive peut être pas à courir juste…

Radio Peloton : Tu as compensé avec une belle saison sur route…

Quentin Luxeuil : J’ai une place de deux sur la course en ligne des Boucles de Seine-et-Marne, j’ai fait aussi troisième de la course en ligne de la Route d’Eole, et j’ai une victoire en 3e catégorie à Guillerval.

 

 

Radio Peloton : Et donc pas de polo-vélo cette année pour toi Quentin ?

Quentin Luxeuil : Je n’ai pas de regrets par rapport à ma participation sur les manche de polo-vélo j’ai tout simplement recentré mon attention sur la route.

Radio Peloton : On te verra toujours sous le maillot d’Argenteuil VS 95 en 2018 ?

Quentin Luxeuil : Rester à Argenteuil mon club formateur n’est pas dans mes projets pour l’année prochaine, j’aimerais découvrir le niveau élite.

 

Photo : Loïc Manceau.

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Mathieu Riebel s’en est allé

C’est avec une immense tristesse et beaucoup de douleur que nous avons appris le décès de Mathieu Riebel, le 20 octobre dernier au cours de l’avant-dernière étape du Tour de Nouvelle-Calédonie. A 20 ans, le sociétaire1ère catégorie du VCA du Bourget (Seine-Saint-Denis) avait tout l’avenir devant lui. Coureur aussi bien talentueux sur route que sur piste, l’Essonnien formé à l’EC Montgeron-Vigneux était un exemple d’abnégation, d’humilité et de sympathie pour beaucoup de ses amis et de ses coéquipiers . Nos pensées vont naturellement à ses parents, Marc et Marylène, son frère et sa sœur, Maxime et Aurélie ainsi qu’à l’ensemble de sa famille et de ses proches. Le monde du vélo perd encore une fois l’un de ses plus beaux représentants.

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A l’attention de nos lecteurs

L’équipe de Radio Peloton s’excuse de ne pas avoir mis à jour son site web durant près de dix jours. Pour tout vous dire le cœur n’y était pas. Le décès de Mathieu a été un terrible choc pour nous, tout comme pour beaucoup. Nous avons décidé dans un premier temps de laisser en photo de couverture de notre page Facebook, une photo le représentant. D’autres initiatives suivront sur ce support de communication ou bien notre site web.Nos pensées vont naturellement à sa famille et à ses proches dans cette épreuve douloureuse.

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Interview de… Diaby Siby (Paris Cycliste Olympique)

Diaby Siby est l’une des révélations de la saison 2017 chez les départementaux ! Le coureur du Paris Cycliste Olympique s’est confié à l’équipe de Radio Peloton avant d’entamer sa première saison en 3e catégorie en 2018.

« Engranger un maximum de confiance »

Radio Peloton : Qu’est ce qui t’a amené au cyclisme de compétition ?

Diaby Siby : Au départ je faisais de la course à pied, puis j’ai dû m’arrêter suite aux blessures à répétition sur mon genou. Fin 2015 je m’achète un vélo de route et je commence à me prendre au jeu au polygone de Vincennes. Mais c’est à l’été 2016 que j’ai vraiment commencé à penser à la compétition, je me sentais bien sûr un vélo, j’avais un bon niveau donc je voulais savoir de quoi j’étais capable et à la rentrée suivante je me suis inscrit au PCO. 

 

Radio Peloton : As-tu pratiqué d’autres sports auparavant ?

Diaby Siby : Oui, la course à pied. J’ai fais du 10km jusqu’au marathon (de paris 2016) où je me suis une nouvelle fois blessé d’ailleurs. C’était la dernière fois que je courais. Dans ma « jeunesse » j’ai également fais du judo, du football et du tennis, mais je n’ai jamais vraiment accroché à ces sports.

Radio Peloton : pourquoi le PCO et pas un autre club ?

Diaby Siby : Je dois avouer que c’était un peu un choix par défaut. Je ne connaissais pas de cycliste lorsque je me suis inscrit. J’hésitais entre le Vélo Club de Vincennes, l’USM Gagny et le PCO. J’ai choisi le PCO en raison de la proximité avec mon lieu d’habitation mais aussi parce que je me souviens m’être bien tiré la bourre à plusieurs reprises avec certains adhérents sur le polygone de Vincennes.

Radio Peloton :Comment s’est passée ton intégration dans l’équipe ?

Diaby Siby :Un début d’hiver un peu délicat où je n’ai pas pu être assidu aux sorties de club en raison de mes blessures au genou. Mais lorsque j’ai pu y participer c’était très agréable, j’y ai rencontré des personnes formidables qui m’inspirent sans le savoir lorsque je sors rouler. Je pense que j’ai fais le meilleur choix concernant le club à choisir et j’y resterais donc avec plaisir.

Radio Peloton : Qu’est ce qui t’a marqué lors de tes premières compétitions ?

Diaby Siby : Je n’ai jamais été un grand fan de l’esprit compétitif, en raison du stress et de l’appréhension que cela engendrait pour moi; c’est pour cette raison que j’ai hésité à m’inscrire en club. Mais c’était jusqu’à premières compétition je me suis surpris à prendre énormément de plaisir, du plaisir à m’entraîner pour les courses mais aussi à me dépasser en compétition d’autant plus que je sais qu’il me reste une belle marge de progression. J’ai surtout été marqué par l’adrénaline des derniers kilomètres lorsqu’il y a une victoire à jouer.

 

Radio Peloton :Comment analyses-tu la saison écoulée ?

Diaby Siby : Avant de débuter la saison j’avais un objectif principal qui était de prendre du plaisir en compétition. C’est ce que j’ai réussi à faire et rien que pour cela je peux dire que j’ai vécu une saison pleine. Mais cela m’a également permis d’analyser les courses, de sentir lorsque la course pouvait se jouer, mettre en place un programme d’entraînement hebdomadaire pour arriver en forme en compétition. Enfin, c’était également une saison pour engranger un maximum d’expérience. Je vois mes bons résultats de cette année uniquement comme du bonus.

 

Radio Peloton : Comment va se passer ton intersaison ? Cyclo-cross, piste au programme ?

Diaby Siby : D’abord elle va se passer avec une bonne coupure de 3/4 semaines. Ensuite je vais essayer de mettre en place des séances de renforcement musculaire tout en reprenant la course à pied au fur et à mesure, sans recherche de performance puis je remonterais sur mon vélo début décembre a priori.

 

Photo : Gérard Briand.

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Interview de… Vincent Blanca (Paris Cycliste Olympique)

Vincent Blanca est le symbole d’un Paris Cycliste Olympique triomphant chez les départementaux à l’image de la victoire collective dans cette catégorie lors des Challenges du Comité d’Île-de-France sur le circuit de Satory (Yvelines). A 44 ans, l’ancien pensionnaire du Vélo Club des Vétérans Parisiens est aussi un honorable pistard.

« Je n’ai pas assez travaillé mon sprint »

Radio Peloton : Vincent, on attendait un peu mieux de vous cette saison…

Vincent Blanca : Mon année reste assez mitigée, je m’attendais aussi à de meilleurs résultats. J’ai fait un mauvais début de saison puis quelques résultats avec des places honorables sur la fin malgré tout. Je termine l’année avec trois podiums en D1, dont deux deuxièmes places Neuilly-sur-Marne et Chevry-en-Sereine et une troisième place à Villeneuve-Saint-Denis.

Radio Peloton : Qu’est ce que vous a manqué pour remporter un succès en 2017 ?

Vincent Blanca : Je n’ai pas levé les bras cette année, j’ai eu quelques occasions mais sans réussite. Je pense qu’il me manquait un peu de confiance suite à mon début de saison catastrophique, je n’arrivais pas à finir les courses et aussi je n’ai pas assez travaillé mon sprint cette année.

Radio Peloton : Vous avez également contribué à la victoire du Paris Cycliste Olympique au Challenge du Comité d’Île-de-France chez les départementaux…

Vincent Blanca : On a de bons coureurs avec des qualités différentes, on peut monter une équipe quelque soit le type de circuit, c’est déjà une grosse force. Ensuite il y a une bonne communication entre nous avant et pendant les courses. Du coup chacun connaît son rôle et respecte les consignes, on essaye de s’adapter en fonction des circonstances de course.

Radio Peloton : Que retenez-vous de votre saison sur piste ?

Vincent Blanca : Ma saison piste est à l’image de ma saison sur route, moyenne. Avec en point d’orgue un maillot IDF masters sur la course aux points dans ma catégorie. Mais j’en suis fier même si on était pas nombreux, j’étais costaud, j’ai bien géré la course physiquement et tactiquement, ce qui est rare venant de ma part (sourires).

Radio Peloton : C’est donc votre meilleur souvenir de la saison ?

Vincent Blanca : En effet ce titre régional, et même si je n’ai pas pu aider comme je l’aurai voulu, notre victoire au Challenge du CIF. Les conditions étaient difficiles et on est l’une des rares équipes à avoir fini au complet. Enfin, mon séjour dans les Pyrénées cet été avec mon pote Eric.

Radio Peloton: Selon vous, les ambitions de DN3 du Paris Cycliste Olympique vont-elles pâtir sur les autres catégories ?

Vincent Blanca : Je pense que la DN n’aura pas d’influence sur les autres catégories, elle a un encadrement dédié. Les jeunes ont aussi leur encadrement, plus les parents qui sont présents et dans les autres catégories les coureurs sont autonomes.

Radio Peloton: On vous croisera sur piste cet hiver pour préparer la route ?

Vincent Blanca : C’est possible, niveau préparation, je vais faire la même chose que chaque année, un peu de piste, de préparation physique. Puis les entraînements hivernaux sur route avec le club.

 

Photo : Gérard Briand.

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Appel à Bénévoles !

La 3ème manche de la Coupe de France de Cyclo-cross aura lieu le dimanche 3 décembre 2017 sur l’Île de Loisirs de Jablines (77) et sera le théâtre de la finale de la Coupe de France pour les catégories « Cadets », « Cadettes » et « Juniors Hommes ».

Cet évènement d’envergure nationale est organisé par l’EC des Boucles de la Marne et l’association « Organisation du cyclo-cross de Jablines ».

Pour que cet évènement soit une pleine réussite, il est essentiel que l’ensemble des clubs franciliens ainsi que leurs bénévoles se mobilisent autour de cette épreuve derrière Patrice Thévénard et toute son équipe.

N’hésitez pas à diffuser l’information à l’ensemble des membres de vos associations.

Si vous souhaitez être bénévole et participer à l’organisation de cette épreuve unique en Ile-de-France, vous pouvez prendre contact avec Guillaume LIENARD par courriel : gulienard@gmail.com

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