Bilan du Tour de France 2021

Pogacar et les autres

La dernière étape de ce Tour de France 2021 vient de se terminer à Paris avec une arrivée sur la célèbre Avenue des Champs-Elysées.
Clap de fin pour cette 108e édition qui a couronné pour la deuxième année consécutive, le Slovène Tadej Pogacar.
A l’heure où certains coureurs disputeront le championnat de France de l’Avenir sur la commune de Lorrez-le-Bocage-Préaux (Seine-et-Marne), le coureur de 22 ans remporte le général, le maillot à pois du meilleur grimpeur et le maillot blanc du meilleur jeune, comme en 2020.

Le natif de Klanec empoche au passage trois étapes dont deux étapes pyrénéennes avec arrivée au sommet.
Si le coureur d’UAE Team Emirates a réalisé une véritable razzia sur ce Tour de France, sa formation s’est montrée à certains moments friables depuis sa prise de pouvoir lors du week-end alpestre.

L’équipe drivée par Andrej Hauptman , Simone Pedrazzini a également pu compter sur des alliés de circonstances aux intérêts divers et surtout sur une concurrence bien heureuse de se retrouver avec un leader bien placé au général, adoptant une tactique majoritairement défensive à l’image de Wilco Keldermann (Bora Hansgroe) ou encore Alexey Lustensko (Astana-Premier Tech) respectivement cinquième et septième au classement final.

Pourtant la prime à l’offensive a permis à certains coureurs d’obtenir de belles places au général à l’image de l’australien Ben O’Connor (AG2R-Citroën) vainqueur de la 9e étape entre Cluses et Tignes et quatrième, Guillaume Martin (Cofidis), huitième ou encore David Gaudu (Groupama-FDJ), onzième. Après un passage à vide sur la 11e étape entre Sorgues et Mallaucène , le costarmoricain s’est refait la cerise dans les Pyrénées et montrait le maillot de la formation managée par Marc Madiot qui termine ce Tour de France avec quatre coureurs sur huit au départ.

Les formations belges ont aussi brillé durant les 3414,4 kilomètres à l’image de la continentale professionnelle Alpecin Phenix, vainqueur à deux reprises avec deux coureurs issus du cyclo-cross le belge Tim Merlier, déjà vainqueur sur le Tour d’Italie cette année et le neerlandais Mathieu Van Der Poel. Ce dernier petit-fils de l’illustre Raymond Poulidor aura même l’honneur de porter durant six jours le maillot jaune de leader, ce que n’avait jamais réalisé son grand-père.

Fanny sur le Giro, la Deceuninck Quick-Step a rectifié le tir sur ce Tour avec cinq victoires dont quatre du resuscité sprinteur britannique, Mark Cavendish complété par la victoire le premier jour du champion du Monde, Julian Alaphilippe, sur les rotules en fin de tour après avoir beaucoup tenté, vain. A 36 ans « Cav is back » mais c’est surtout le collectif de la structure World Tour qui a permis au rapide coureur de l’Île de Man de retrouver de sa superbe en remportant le maillot vert de meilleur sprinteur, le deuxième de sa carrière face à une concurrence modérée à l’image de la saison ou aucun sprinteur domine le plateau mondial par rapport aux autres années. Chaque coureur a son rôle dans l’équipe belge et tous poussent dans l’intérêt collectif.

Outre-quiévrain, les performances de Wout Van Aert sont aussi à souligner avec trois victoires d’étapes sur trois types de terrain différents, le coureur de la Jumbo-Visma a exprimé tout son talent au cours des trois semaines se payant le luxe de remporter la 21e et dernière étape du Tour de France, bien aidé par Mike Theunissen. La Jumbo-Visma obtient aussi une victoire d’étape en Andorre via Sep Kuss et une deuxième place au général avec Jonas Vingegaard. Avec un effectif décimé par les chutes, la structure neerlandaise aura réussi sa Grande Boucle.

Le collectif de la Barhain Victorius ressemblait à une armée mexicaine de coureurs expérimentés su ce Tour de France avec trois victoires individuelles, deux du champion de Slovènie Matej Mohoric et une de Dylan Teuns. Cependant la structure managée a péché sur le plan tactique dans l’optique du maillot vert de leur puncheur, sprinteur, rouleur italien Sony Colbrelli. Surprenant troisième sur une étape de haute-montagne entre Cluses et Tignes à l’image d’un Ben Swift, deuxième en haut de l’Alpe d’Huez sur le Dauphiné-Libéré en 2017, le champion d’Italie peut avoir des regrets sur ce Tour qu’il termine sans le moindre succès individuel mais avec à la clef, la victoire par équipe.

Arrivée avec une armada impressionnante sur le papier l’équipe Ineos-Grenadiers a explosé au fur à mesure des trois semaines. Carapaz sauve les meubles avec une troisième place au classement final. Sans victoire au bout des trois semaines de course, l’équipe britannique n’a pas été épargné par les chutes lors de la première semaine. Après la victoire finale d’Egan Bernal sur le Tour d’Italie, la belle promet d’être passionnante sur la Vuelta d’ici quelques semaines.

Les coureurs français auront essayé durant ce Tour de France mais le bilan comptable parle avec une seule victoire d’étape pour les coureurs de l’hexagone et obtenu par Alaphilippe, membre d’une équipe étrangère.

Du coté des deux franciliens engagés sur le Tour de France, Anthony Turgis aura tenté de se glisser dans des échappées à l’image de son équipe Total-Energies. Le coureur formé au VC Etampes termine l’épreuve avec trois top 10 et une 68e place au général.
La moisson fut plus fructueuse pour Kenny Elissonde ! Offensif à l’image de son équipe Trek-Segafredo, l’ancien sociétaire du CC Igny-Palaiseau 91 a pris la deuxième place de la 11e étape entre Sorgues et Mallaucène obtenant au passage le Prix de la Combativité à l’issue de cette journée. Le fils de l’ancien coureur de l’AS Corbeil-Essonnes, Franck Elissonde se classe 34e du classement final.

 

 

Le chiffre : Sur 23 équipes au départ, seulement 7 ont remporté des victoires d’étapes.

Ils se sont aussi illustrés…

Julien Bernard (Trek-Segafredo) : Il est difficile d’être « fils de » ou « petit-fils de » dans un peloton. L’ancien pensionnaire du SCO Dijon s’est montré une nouvelle fois comme un « grégario » exemplaire comme sous le maillot de l’équipe de France lors du sacre de Julian Alaphilippe à Imola (Italie), l’an dernier.

• Pello Bilbao (Barhain-Victorious) : Classé 13e du classement final du Tour d’Italie, le Basque se classe à la 9e place du classement final du Tour de France avec un scénario sensiblement identique. La perte du leader assez rapidement. Mikkel Landa au Giro, Jack Haig sur la Grande Boucle.

• Franck Bonnamour (B&B Hotels -KTM) : En tant qu’équipe invitée, il est parfois dur d’exister face aux grosses formations World Tour. Elu super combatif du Tour de France, le breton a mis en avant durant trois semaines la formation de Jérôme Pineau, le tout en se classant 22e du général de son premier grand tour.

• Jonathan Castroviejo (Ineos-Grenadiers) : Précieux sur le Tour d’Italie auprès d’Egan Bernal, l’ancien sociétaire d’Euskatel-Euskadi était le  dernier soutien de Richard Carapaz dans les Pyrénées. Le polyvalent coureur de Gexto termine 23e de cette Grande Boucle après s’être classé 20e du Giro.

Rafal Majka (UAE-Team Emirates) : Tour d’Espagne 2012, le grand public découvre un grimpeur polonais au service d’Alberto Contador dans les Pyrénées, le Pays-Basque ou sur la pente du Lagos de Covadonga. Tour de France 2021, Rafal Majka se révèle comme un précieux équipier dans la dernière semaine de l’épreuve pour Tadej Pogacar.

Michaël Morkov (Deceuninck-Quick Step) : Si Mark Cavendish a autant claqué de victoires sur ce Tour de France, Michaël Morkov n’y est pas pour rien. Le frère de Jesper Morkov, ancien coureur du Team Bonnat 91, a montré qu’à 36 ans, il était le meilleur lanceur de sprint en cette année 2021. Ce n’est pas Sam Bennett qui dirait le contraire.