Pas facile de saisir un moment dans l’emploi du temps de William Bastit ! A l’aube de ses 41 ans, ce salarié de la ville de Clamart additionne les casquettes : très actif dans toutes les activités du CSM Clamart auquel il nous concède « consacrer sa vie », il est aussi –et surtout- connu comme entraineur de son école de vélo et Président de la Commission des Jeunes du CIF. Entre deux réunions, un entrainement et un dimanche au cyclo-cross, William a accordé quelques heures à Radio Peloton pour raconter son parcours et sa vision des écoles de vélo aujourd’hui …
« Montrer l’exemple »
Radio Peloton : Quand es-tu arrivé au club de Clamart ?
William Bastit : Je suis arrivé au club de Clamart à 8 ans et n’ai connu que ce club ! Le président d’alors, André CHILPRETRE, alias Dédé, a débarqué dans le commerce de mes parents car il cherchait des sponsors/partenaires pour le club. Quand il m’a vu avec mon frère, il nous a dit « Ca vous dirait de faire du vélo ? ». Et tout est parti de là ! Comme quoi, il suffit de peu pour provoquer le déclic.
RP : Et après le déclic ?
W.B :J’ai immédiatement trouvé ma place au sein de l’école cycliste (ancien nom des Ecoles de Vélo, ndlr) grâce notamment à l’encadrement très pédagogique de Jean François MAZAUD. Je dois d’ailleurs à Jean-François cette envie que j’ai eue très tôt, en Minimes, de devenir éducateur. Et dès ce moment-là, j’ai commencé à l’aider et vite compris que mon destin était plutôt de ce côté-là que d’une carrière cycliste !
RP : Pour quelles raisons préférais-tu l’encadrement à la pratique « personnelle » ?
WB: C’est essentiellement en raison de mon gout pour le collectif. Je suis plutôt quelqu’un qui apprécie d’être en tribu plutôt que seul sur mon vélo pendant 3h dans la vallée de Chevreuse. Tout en étant passionné de cyclisme, j’ai vite compris -en Juniors- que les contraintes de la compétition à ce niveau ne me conviendraient pas. J’ai donc passé mes brevets fédéraux très tôt.
RP : Tu es donc au CSM Clamart depuis plus de 30 ans : on imagine que des choses ont changé depuis 1985 ?
WB: Oui, nous ne sommes pas un écosystème en dehors des réalités… Les temps changent, les gens changent et moi le premier. Quand j’ai débuté et pendant des années ensuite, nous étions une grande famille, qui se réunit régulièrement, avec des parents qui restent le soir pour parler avec les autres parents, qui se préoccupent de la vie du club et proposent de l’aide…. Ce temps-là, cet âge d’or, a disparu. Pour autant, je m’efforce de garder l’esprit du club de mes origines.
Aujourd’hui, les rythmes de vie, la société de consommation, les réseaux sociaux etc. percutent complètement cette vision « idéale » que j’ai du club. J’essaye de m’y adapter, en utilisant ces leviers, en tentant de faire vivre autrement qu’avant l’esprit collectif et convivial. Mais c’est dur.
RP : Quantitativement, comment se porte le CSM Clamart ?
WB:Plutôt bien ! Notre école de vélo se maintient à 30-35 coureurs chaque année : avec des jeunes qui s’attachent très vite au club –au-delà de mes espérances- et renouvèlent leur licence d’année en année. Et des nouveaux venus qui régénèrent en permanence notre club.
C’est un gros travail au quotidien porté par une exigence :je ne conçois pas que le CSM Clamart ne soit pas aussi porteuse et impliquée dans le futur qu’elle ne l’a été dans le passé. C’est l’image de tant de personnes qui portent ou qui sont passées par nos couleurs… Et l’image d’une ville, Clamart, qui a toujours suivi de près et soutenu le cyclisme au niveau local.
RP : Et les résultats suivent…
WB: Oui. C’est lié à la densité et au travail, et pas seulement le mien évidemment ! Pour donner un exemple, nous sommes tous les mercredis 4 éducateurs et un dirigeant en voiture pour encadrer et assurer la sécurité des jeunes coureurs.
Des entraînements encadrés et ludiques : les jeunes progressent et les bons résultats individuels et collectifs sont là. Nous avons terminé 2ème du Challenge du CIF par exemple. Et nous visons la première place au classement CIF 2017 des écoles de vélo.Nous n’avons pas encore le résultat, mais je suis optimiste !
Tout cela, c’est une grande fierté pour mes amis éducateurs, dirigeants bénévoles, nos partenaires et en premier lieu notre Ville et moi …
RP : Au-delà de Clamart, quel regard portes-tu sur l’évolution des écoles de vélo ?
WB: Attirer les jeunes vers le cyclisme, c’est évidemment ma grande préoccupation en tant qu’entraîneur, mais aussi en tant que Président de la Commission Jeunes du CIF. Et nous avons clairement un problème d’image ! D’ailleurs, la FFC a créé un label pour tenter de renverser la vapeur et donner un nouveau souffle aux écoles de vélo. Aujourd’hui, où que tu habites en IDF, tu as peu de probabilité de croiser une course ou une animation pour les jeunes cyclistes. Pour plein de raisons : mais forcément, ce qui est invisible ne suscite pas d’intérêt.
RP : Le problème, ce n’est pas que les clubs n’ont pas tout simplement plus les moyens humains pour impulser ce type d’initiative ?
WB: La volonté est le premier axe des moyens humains. Donc, oui, c’est un problème de moyens humains…
Je regrette vraiment qu’il n’y ait pas plus de jeunes ou moins jeunes coureurs qui se mettent à l’encadrement. C’est certes une mission très prenante et qui peut être chronophage, mais c’est aussi très riche en rencontre, en satisfaction, en évolution personnelle. Et surtout il s’agit d’un investissement tellement important pour nos jeunes et les familles qui les encadrent !
Une fois dit cela, je n’oblige personne et ne fais de procès à personne : je n’ai pas la solution pour donner envie aux personnes de s’impliquer, sinon de montrer l’exemple ! Et peut-être aussi de renouveler l’image que donne à voir la sphère dirigeante du cyclisme, à tous les niveaux. Si personne n’est attiré, il y a forcément une raison.
RP : J’imagine que c’est ce que tu portes en tant que Président de la Commission des Jeunes au CIF ?
WB: Oui. C’est une mission qui m’a été confiée par le Président du Comité Régional Île- de- France de la FFC à la suite de la disparition de notre ami et modèle Christian DAGUE. J’étais alors responsable des Ecoles de Vélo du 92. Sous la présidence de Christian, j’ai appris pendant de nombreuses années à ses cotés une nouvelle politique du cyclisme jeunes en IDF, le respect de la découverte des sports cyclistes (polo-vélo, piste, cyclo-cross, vtt), proposer de nouvelles épreuves aux licenciés, et une importance a toujours être bien entouré de responsables départementaux investis, des femmes et hommes de Terrain.
J’ai pris cette présidence avec une grande fierté de poursuivre ce travail en direction de nos jeunes ! Cette commission encadre toute l’activité des écoles de vélo d’IDF : Calendrier de courses, règlementation, sélections, organisations… Nous souhaiterions également développer de nouvelles épreuves et promouvoir le cyclisme dans notre région en nous appuyant sur des épreuves phares, comme le Tour de France, des Championnats ou des journées de découverte des sports cyclistes. Bref, nous ne manquons pas d’idées !
Je veux quand même souligner que dans cette commission, le Président n’a pas un rôle plus fort que les Responsables départementaux : il est important que toutes ces personnes soient reconnues comme des Dirigeants régionaux qui s’investissent pour tous nos jeunes franciliens. Ce mandat est un prolongement de l’investissement local que chaque responsable fait déjà, un peu comme un Club Francilien de Clubs multi départementaux.
RP : Le cyclisme a un futur en Ile de France ?
WB: Evidemment ! Le cyclisme est un sport extraordinaire : il a donc un futur ! Et je veux ici souligner que si je regrette une baisse des vocations, il y a quand même en Ile-de-France des dizaines d’éducateurs, entraineurs, bénévoles qui donnent leur temps pour que les jeunes puissent pratiquer le cyclisme. Ces éducateurs, dont je fais partie, sont des acteurs indispensables à l’éducation de tellement d’enfants… C’est un rôle merveilleux -personne ne nous force- et un engagement avec nous-même et le futur de notre sport.
Sans éluder nos difficultés, c’est cette image, celle d’un cyclisme qui a de l’avenir, que je veux retenir.
Propos recueillis par Christophe Dague.
Photo : Alexandre Roma.
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