Sénéchal tire sa révérence

Sa voix a fait vibrer de nombreuses générations de coureurs (dont la mienne). Son célèbre « prime, prime au prochain tour » résonne encore dans la tête de certains d’ailleurs. A 65 ans, Jean-Paul Sénéchal passe la main ou son micro plutôt, pour ce féru amateur de bons mots. Le cyclo-cross du Mée-sur-Seine, sera sa dernière épreuve cycliste le 8 janvier prochain. Comme un symbole pour celui qui est président du club cycliste de la ville voisine de Melun depuis des dizaines d’années. A l’age où l’on raconte des histoires ou des contes, Jean-Paul Sénéchal était bercé par des histoires de vélo, son père ayant été trésorier puis président de la Pédale Melunaise devenue US Melunaise puis maintenant Melun Cyclisme Organisation. Gamin, il idolâtrait Robert Chapatte et ses commentaires télévisés du Tour de France. « J’avais eu le plus plaisir de le rencontrer lors d’une très grande classique, Paris-Egreville, disparue depuis » se remémore celui qui débuta au micro en 1969. L’année où Neil Armstrong était le premier homme à marcher sur la lune, Jean-Paul Senechal posait sa voix sur ses premiers coureurs lors de la nocturne de Melun à l’occasion des Quatre Jours de Seine-et-Marne. « Au pied levé sans connaissance ou formation du métier et ce pour remplacer le speaker malade ; Bernard Thévenet l’avait emporté ; c’était l’époque des grandes formations parisiennes qui dominaient le cyclisme national, AC Boulogne-Billancourt, Antony, Créteil, JPS, Pédale Charentonnaise, Mantes, Fontainebleau, Varennes, et j’en passe, le cyclisme se portait bien à cette époque » lance le seine-et-marnais avec un brin de nostalgie. En quarante sept ans de carrière, Jean-Paul Sénéchal a toujours gardé cette flamme du plaisir à mettre en scène les courses pour en faire profiter un public qui n’était pas toujours connaisseur, l’idée de faire émerger du cyclisme son côté spectacle jadis devant des centaines voire des milliers de spectateurs a longtemps prédominé sa vocation. Mais l’engouement et un public en baisse pouvaient provoquer parfois un côté démotivant pour l’animateur. « Je dois reconnaître avoir beaucoup animé ces dernières années par sympathie pour des amis plus que par motivation » avoue Sénéchal, conscient qu’il était temps de passer la main à des jeunes. Il y a un peu plus de cinq ans, il en découvre un prometteur, seine-et-marnais tout comme lui qu’il connaissait déjà en tant que cycliste sous le maillot de la Pédale Combs-la-Villaise. Antoine Poncet. « Je suis fier de son ascension depuis et pas que par sa taille » glisse Jean-Paul Sénéchal. Installé maintenant dans le Vaucluse du côté d’Avignon, il n’en garde pas moins sa casquette de président du MCO, encore une saison, l’histoire de prolonger le plaisir une dernière fois pour cette épicurien de la vie, qui reste objectif sur le fait qu’on l’y reprendra probablement, micro en main, un de ces jours pour des amis sur des courses pédestres. Mordu un jour, mordu toujours pour un énième dernier tour et un énième vainqueur « sous vos applaudissements mesdames et messieurs ».

Photo : Gérard Briand.