Rencontre avec… Pierre Rolland (EF Education-First Drapac)

C’est dans les locaux parisiens d’EF Education First (IXe arr.) que Radio Peloton a eu l’occasion de présenter sa nouvelle équipe. C’est en présence du Loirétain Pierre Rolland que l’organisme de formation en langues a présenté aux médias français son team. L’équipe de Jonathan Vaughters peut aujourd’hui se vanter d’être l’équipe la plus internationale du circuit World Tour avec 13 nationalités représentées. L’équipe débutera sa saison française sur le Paris Nice le 04 mars 2018. 

Nous avons pu poser quelques questions à Pierre…

 

« J’ai couru un peu en Ile de France dans mes années cadets. Il y avait beaucoup de belles courses. »

 

RadioPeloton: Tu as, dans ton intervention lors de la conférence de presse, parlé du développement des jeunes dans le cyclisme. Selon toi, qu’est ce qui pourrait être amélioré au sein de la fédé?

Pierre Rolland: Je n’ai pas une solution qui me sorte du chapeau. Après il est normal que les transitions entre minime, cadet ou encore junior causent l’apparition d’un manteau noir. Les coureurs arrêtent ou se réduisent. C’est souvent lié à l’activité scolaire ou professionnelle. Ceux qui sont réellement passionnés referont du vélo quelques années plus tard, une fois leur situation plus stabilisée. Après je pense que le vélo en France est un peu trop sérieux à l’instar de courses en Hollande ou en Belgique où les épreuves sont plus fun. On le voit même sur les critériums que j’ai pu faire. En France, ils sont bien. Ils sont bien organisés. En Hollande, c’est dingue, il y a deux concerts de rock sur le parcours. Les gens n’y vont pas que pour regarder la course. On y fait la fête, on s’amuse. 

RadioPeloton: Lorsque tu étais minime-cadet ou même junior, étais tu comme un Valverde, un coureur qui gagnait tous les dimanches ou au contraire, tu as pris du temps avant de pouvoir t’exprimer réellement?

Pierre Rolland: J’étais plus réservé en terme de quantité de victoires. Valverdé ne s’est jamais fait battre. Je gagnais entre 15 et 20 courses par saison. Mais il faut se rappeler que des coureurs n’ont jamais rien gagné dans les plusieurs années et qui aujourd’hui font une superbe carrière. Nombreux sont ceux qui faisaient tout flamber chez les cadets juniors et qui aujourd’hui ne sont plus là. 

RadioPeloton: A quel moment as-tu su que tu étais capable de passer professionnel?

Pierre Rolland: Je l’ai su à 20 ans lorsque le Crédit Agricole m’a appelé pour me recruter mais vers les 16 / 17 ans, j’ai commencé à me dire que j’allais essayer de me donner à 100% pour donner la meilleure performance. Dès l’instant où je me le suis mis dans la tête je n’ai jamais laché l’idée. C’est passé par des moments difficiles mais aussi par de bons moments. 

RadioPeloton: Quelles courses t’ont le plus marqué lorsque tu étais jeune coureur?

Pierre Rolland: La course qui m’a le plus marqué quand j’étais espoir, avant de passer pro, c’est le Tour de Bretagne avec Super Sport 35. Je l’ai trouvé super dur, en tout début de saison. On tombait sur des gars qui avaient fait toutes les courses comme Bessèges ou le Haut Var donc on ne faisait vraiment pas le poids. On prenait raclée sur raclée. Je me suis dit que si j’arrivais pas à faire ça, comment j’allais m’en sortir chez les pros… Et six mois plus tard j’étais chez Jean René Bernaudeau. 

RadioPeloton: Tu viens du Loiret, as-tu couru un peu en Ile de France?

Pierre Rolland: J’ai couru un peu en Ile de France dans mes années cadets. Il y avait beaucoup de belles courses. 

RadioPeloton: Que penses tu des organisations telles que le Trophée Madiot?

Pierre Rolland: Je suis cela de loin mais pour moi c’est une belle épreuve au même titre que la Bernaudeau pour les Juniors. Quand il y a un nom derrière ça ramène du monde. Surtout Madiot qui prend très tôt des jeunes sous son aile. Donc forcément tous les coureurs cadets juniors se disent « si je gagne le trophée Madiot, j’aurai l’aide de la fondation et un pied dans l’étrier pour espérer intégrer l’équipe ». C’est très bien si les meilleurs peuvent se retrouver  et peuvent se confronter sur ces épreuves là.

RadioPeloton: Penses tu que le cylisme « de panache » est en train de revenir avec des Lilian Calmejane, des Peter Sagan ou même toi?

Pierre Rolland: Je l’espère. Après ce n’est pas une question de mode, c’est une question que le peloton est très très dense et que le niveau est très haut. Du coup, c’est difficile de faire des numéros. Ce n’est plus donné à tout le monde. Quand c’est une étape au sprint, maintenant c’est très cadenassé. S’il n’y a pas un petit bouleversement dans le vélo ou dans les parcours… ça va être tendu. Pourtant, c’est en train  de prendre forme je trouve. Des étapes de 65 km sur le Tour ou une autre de 110 voire même une étape pavée de 15 secteurs… la tendance est à l’innovation. Une course avec une bonification à tous les tours serait une solution, sur les étapes plates avec moins de 800m de dénivelé, on pourrait avoir quatre sprints par exemple. 

RadioPeloton: On a entendu toute la saison passée « Attaque de Pierre Rolland ». Que penses tu de cela? Est-ce une raillerie ou un hommage à ton panache?

Pierre Rolland: Nan, je le prends avec beaucoup de sourire et beaucoup d’autodérision. Au début, je trouvais ça un peu redondant mais à la fin cela m’a fait beaucoup rire. Mais des fois je me dis quand même qu’ils vont chercher loin [rires]

RadioPeloton: On a tous appris que la fin de saison 2018 a vu émerger un problème lié à la recherche d’un nouveau sponsor titre pour l’équipe. Avais tu des contacts au niveau des équipes? Des teams étrangers, des teams français peut être?

Pierre Rolland: J’ai eu des contacts. Ca a été rapide, l’annonce a été brutale. La reprise par EF Education First a été extrêmement rapide elle aussi, ils ont été très efficaces. Sortir un budget, répondre au cahier des charges de l’UCI, c’est quelque chose qui s’est fait en quinze jours de temps. C’est très très impressionnant. Oui, j’ai eu des contacts avec plusieurs équipes. J’ai vraiment été très agréablement surpris de l’enthousiasme des équipes qui voulaient m’accueillir. Je ne peux pas dire où je serais allé car ça ne s’est pas fait.

RadioPeloton: Quel sera ton rôle sur le Tour cette année? Tu seras équipier de Rigoberto?

Pierre Rolland: L’idée c’est d’essayer de faire un Tour comme je l’ai fait au Giro l’an passé: d’aller offensif et d’être chasseur d’étapes.

 

Merci Pierre et bonne saison!

 

Crédit photo: EF Education First