Interview de … Raphaël Aubry

Et si la faculté de pratiquer le vélo résultat avant tout dans le plaisir ? A 28 ans, Raphaël Aubry s’est lancé dans un défi vélocipédique durant la période estivale qui l’a emmené à voyager dans la partie ouest de l’Hexagone. Rencontre.

« Jouir d’un certain sentiment de liberté »

Radio Peloton : Raphaël, vous avez arpenté l’ouest de la France en vélo cet été …

Raphaël Aubry : L’idée d’une escapade à vélo a germé pendant que j’effectuais mon stage de fin d’études au Ministère de l’Environnement. Coincé six mois à travailler devant un ordinateur dans un minuscule bureau au 32 étage de la tour Sequoia à La Défense, en pleine période des beaux jours, on se prend assez vite à rêver d’évasion ! C’est en consultant le site de l’AF3V que j’ai pu m’apercevoir que la France disposait d’un réseau de véloroutes et de voies vertes déjà conséquent et en plein expansion. L’ avantage de ces véritables itinéraires cyclables de longue distance est de pouvoir circuler en toute sécurité en s’affranchissant des contraintes et des nuisances de la circulation automobile. C’est aussi une certaine idée de pratiquer un tourisme « vert », en dépensant peu mais surtout également de jouir d’un certain sentiment de liberté avec le moyen de transport qui le permet le mieux : le vélo.

Radio Peloton : Mais pourquoi le vélo justement ?

Raphaël Aubry : Avec lui pas d’essence, pas d’assurance, pas de péage, on peut rejoindre a moindres frais et avec la simple force de ses cuisses et de ses mollets (et avec une assistance électrique pourquoi pas) l’autre bout de l’hexagone, le tout les cheveux dans le vents !

 

Radio Peloton : En quoi a consisté votre périple ?

Raphaël Aubry : Je suis parti de la capitale le 14 août, j’ai rallié Arcachon le 29 août, soit un voyage de 16 jours. J’ai eu la chance de traverser des paysages très divers : les grandes étendues désertiques et céréalières de la Beauce, la vallée de la Loire avec ses châteaux, ses maisons en troglodytes mais aussi ses fameux vignobles. Une côte Atlantique offrant son flot de touristes et un double visage : tantôt bétonnée/ tantôt sauvage ; Tantôt populaire / tantôt chic. Les Landes aquitaines enfin, avec leurs belles pistes cyclables et l’odeur des pins évoquant la plage et les vacances. J’ai parcouru au total 1232 km avec une moyenne d’environ 80km par jour (avec une journée de repos pour découvrir l’Ile de Ré et profiter de ses jolies plages). Pour cela j’ai pu emprunter plusieurs véloroutes dont les plus connues sont la Loire à Vélo et la Vélodyssée qui longe la côte Atlantique, de la Bretagne à Hendaye. Ces véloroutes font elles même partie de grands itinéraires cyclables européens (Eurovelo). Ce qui repousse encore plus loin les limites du voyage, à condition bien sûr de disposer du temps nécessaire pour rouler ainsi que pour se reposer un peu et découvrir les différentes régions traversées.

Radio Peloton : Qu’est ce qui a été le plus dur dans cette traversée ?

Raphaël Aubry : Par chance, j’ai été épargné par les soucis mécaniques. Je n’ai subi aucune crevaison (réparer une crevaison sur une roue arrière motorisée de VAE peut s’avérer sportif et surtout prendre du temps). Le plus dur aura finalement été les douleurs aux fesses. Complainte que j’ai entendue en échangeant avec de nombreux baroudeurs cyclistes comme moi. Enfin, cela n’a rien à voir avec le vélo mais avec les plaisirs du bivouac. Lors de haltes dans les zones de marais salants (Aux Sables d’Olonnes ainsi qu’à Marennes près du Pont de l’Ile d’Oleron), j’ai eu l’occasion de subir une invasion de moustiques bien sympathique. Parfait pour se remettre d’une journée à pédaler ! 

 

Radio Peloton : Quel est l’endroit que vous avez le plus apprécié ?

Raphaël Aubry : En parcourant la Vélodysée, peu avant d’arriver à La Rochelle j’ai décidé de réaliser un petit détour par le Marais Poitevin. Je n’ai vraiment pas été déçu. Au bord de ses nombreux canaux on y ressent une certaine douceur de vivre. On y croise également quelques kayakistes effectuant la traversée du marais jusqu’à l’Océan. Une belle idée d’itinérance là- aussi, mais sur l’eau.

Radio Peloton : Et le moins ?

Raphaël Aubry : Sans conteste Saint –Jean- de –Monts (Vendée), une cité balnéaire toute betonnée sans charme particulier. Énormément d’attractions à touristes et une atmosphère baignant dans les effluves de churros. Une certaine idée des vacances, à destination majoritairement des familles et des enfants qui à certes son charme mais aux antipodes du voyage à vélo en solitaire (cela n’empêchant cependant pas de céder une fois ou l’autre au fameux churros!)

Radio Peloton : D’où vous vient cette passion pour le vélo ?

Raphaël Aubry : Comme beaucoup de monde je pense, j’ai commencé à m’intéresser au vélo vers mes 10 ans en regardant les exploits des coureurs sur le tour de France. J’affectionnais particulièrement les baroudeurs et les grimpeurs des grandes étapes de montagne pour le côté spectaculaire. J’ai déjà eu l’occasion de monter quelques cols alpins comme le Granon ou le Ventoux (sans assistance cette fois-ci), c’est vraiment une sensation particulière d’arriver tout en haut. Je suis admiratif des coureurs qui te grimpent un col à 20 km/h de moyenne tout en ayant 150 kilomètres et 2 ou 3 autres cols dans les pattes. A mon niveau de simple afficionado du vélo j’apprécie la pratique du vélo au quotidien pour ses vertus en terme de santé et d’écologie également. C’est une façon militante et en même temps pratique facile d’oeuvrer pour la transition écologique. De plus je remarque que ma démarche de préférer systématiquement le vélo pour mes déplacements quotidiens fait des émules autour de moi, j’ai ainsi réussi à « convertir » certains amis ou connaissances au vélo (électrique ou non). C’est plutôt gratifiant !

Radio Peloton : Pourquoi avoir opté pour un vélo avec une assistance électrique pour votre périple ?

Raphaël Aubry : Le principal attrait de l’assistance électrique c’est qu’elle permet de dépasser certaines contraintes inhérentes à la pratique du vélo comme notamment les difficultés a aborder les côtes et le dénivelé. L’assistance électrique permet par exemple d’arriver au travail sans avoir à se changer ou à prendre une douche à l’arrivée. Egalement il permet d’agrandir les distances parcourues : alors qu’on utilisera en moyenne un vélo classique pour parcourir 5 km environ, on pourra en parcourir le double à effort égal. Pour mon itinérance à vélo j’y ai trouvé un confort dans les montées bien entendu. Cepandant, en raison des grandes distances parcourues chaque jour et en raison de l’autonomie limitée de la batterie, cela impose une certaine gestion de l’assistance mais également de l’effort physique à accomplir en prenant en compte le vent, le dénivelé, le type de revêtement de la piste et bien évidemment le niveau de fatigue.

 

Radio Peloton : Quels sont vos prochains défis vélocipédiques Raphaël ?

Raphaël Aubry : Au cours de mes différents voyages j’ai pu rencontrer des cyclotouristes n’ayant pas peur du dépaysement ni du nombre de kilomètres. Tour d’Europe, road trip aux Ameriques… Ce genre d’escapades laisse particulièrement rêveur et donne l’envie d’aller toujours plus loin. Il y a tellement à faire…