Interview de… Raphaël Taïeb

Raphaël Taïeb est un véritable amoureux de la petite-reine ! Après avoir porté les couleurs de l’AS Corbeil-Essonnes au début des années 2010, le grimpeur essonnien a rejoint Lyon et sa région avec toujours la même passion pour le vélo. A tel point que l’ancien protégé du président Joël Vendé a décidé d’investir dans un club local , le VC Corbas (Rhône).

 

« Donner la chance à tous ceux qui le veulent de pratiquer le sport»

 

Radio Peloton : Raphaël , vous allez devenir un sponsor du VC Corbas en 2022…

Raphaël Taïeb : Je suis un passionné de vélo depuis tout petit. Quand j’étais gamin, je disais à mes professeurs que je voulais être cycliste professionnel. Finalement j’ai fait de longues études et j’ai créé une entreprise (ndlr : Lelivrescolaire.fr, éditeur de manuels scolaires, 60 salariés à Lyon). Mais je ne suis pas à court d’idées et de projets. En particulier, je trouve que c’est essentiel de soutenir et promouvoir le sport de haut-niveau, car il ne s’agit pas simplement de gagner des courses ou de passer à la télé.

Radio Peloton : Le sport de haut-niveau inculque de nombreuses valeurs…

Raphaël Taïeb : Le sport de haut- niveau fait rêver les jeunes et participe à leur éducation par les valeurs qu’il inculque, il apporte du bonheur et des émotions aux millions de passionnés, il donne envie aux gens de faire de l’activité physique ce qui est la meilleure façon de rester en bonne santé. Il y a aussi l’impératif social : donner la chance à tous ceux qui le veulent de pratiquer le sport qui les passionne, et le vélo est devenu un sport cher. Le sport, comme l’éducation, est une cause majeure à mes yeux. Aujourd’hui à 34 ans j’ai envie d’apporter ma pierre à l’édifice.

Radio Peloton : D’où vous vient cette idée de sponsoring ?

Raphaël Taïeb : Cela fait longtemps que j’avais dans un coin de la tête l’idée de monter un projet sportif autour du vélo. Quand j’ai rencontré les dirigeants et coureurs du VC Corbas, j’ai tout de suite été séduit par leur épopée incroyable des dix dernières années : du cyclotourisme à la DN2. Moi qui recrute régulièrement et qui suis extrêmement sensible aux qualités humaines des gens qui m’entourent, j’ai trouvé qu’il y avait dans ce club un état d’esprit exemplaire et de très belles personnes. Alors j’ai décidé de les rejoindre en tant que sponsor principal pour accélérer encore autour d’un projet ambitieux : passer en DN1 et créer à terme une structure professionnelle basée à Lyon. C’est mon rêve et je suis déterminé à le réaliser ! (sourires)

 

Radio Peloton : Vous également pris une licence de coureur au VC Corbas…

Raphaël Taïeb : J’éprouverai beaucoup de plaisir à porter les couleurs du club sur les chronos de fin de saison, sur les cyclosportives que j’affectionne, et pourquoi pas sur quelques courses de fédération. En tant que sponsor je veux une ambition sportive maximale. Je veux que les coureurs qui rêvent de passer pro se disent que Corbas peut les y emmener, depuis l’école de vélo jusqu’à la DN en passant par toutes les catégories. Je veux que l’on gagne de grandes et belles courses et que l’on devienne un club de référence dans la région et en France.

Radio Peloton : Vous êtes attaché à l’environnement autour du vélo notamment le scolaire…

Raphaël Taïeb : Je veux que l’on y arrive avec une éthique exemplaire, un état d’esprit collectif, bienveillant. Je ne veux pas de coureurs en burnout ou qui délaissent les études. Je considère qu’il est essentiel que les coureurs mènent un double projet : tenter de passer pro, mais assurer ses arrières par des études et/ou une formation. Je veux que le club travaille à l’insertion des jeunes sur le marché professionnel car tout le monde ne peut pas devenir cycliste pro et que la vie ne s’arrête pas à 25 ans : elle démarre ! Pour cela, on travaille à réunir des partenaires du monde du recrutement, et de belles entreprises lyonnaises emblématiques – notamment dans la nouvelle économie pourvoyeuse de beaucoup d’emplois – et convaincues de la valeur que peuvent apporter des sportifs de haut niveau en entreprise. Je considère que notre rôle en tant que structure associative est autant sportif que social.

Radio Peloton : Le VC Corbas doit être un accélérateur pour ses jeunes alors ?

Raphaël Taïeb : Le message que je veux adresser aux coureurs est clair. Avec Corbas, soit vous réussirez à passer Pro, soit on vous trouvera un boulot. Je suis très sensible au développement du cyclisme féminin. À titre personnel, j’ai toujours été révolté par toutes les formes d’injustices, dont les inégalités femmes-hommes. Dans mon entreprise, nous avons la parité dans le comité de direction et dans les équipes. Il n’y a aucune raison que le cyclisme féminin ne se développe pas. Il est tout aussi spectaculaire que le cyclisme masculin : à la télé, vous ne voyez pas de différence entre un homme qui monte un col à 20kmh et une femme qui le monte à 17kmh. Ce sont les mêmes efforts, les mêmes valeurs. Corbas a déjà une très belle équipe féminine et je veux qu’on la développe. Enfin, j’aimerais que l’on soit pionniers sur le verdissement du vélo. On l’oublie mais tous les cyclistes entretiennent une relation forte avec la nature. Faire du vélo c’est avant tout partir se promener dans la nature, profiter de paysages magnifiques, s’affranchir de la vie urbaine. Il faut reconnecter l’image du vélo, et par certains aspects sa pratique, avec l’impératif écologique : le public le demande… et les coureurs aussi ! Quand on a 20 ans aujourd’hui l’écologie est une évidence. L’avenir du vélo passe donc inévitablement par une pratique plus verte.

Radio Peloton : En parlant de vert, vous avez passé trois ans à l’AS Corbeil-Essonnes entre 2011 et 2014…

Raphaël Taïeb : A l’époque, le club évoluait en Division Nationale 3. Le club m’a permis de découvrir le cyclisme de compétition, de comprendre ses enjeux. J’ai pu gagner quelques courses, une sensation exceptionnelle. J’étais devenu assez proche de Joël Vende (président à l’époque) et de Dominique Bernard (trésorier) qui m’ont appris beaucoup de choses. Il y avait un groupe de coureurs exceptionnels autour de Kévin Le Cunff (passé pro ensuite), Romain Bona, David Bouillaux, Vincent Girardin, Lucas et Victor Leblond, on s’éclatait, vraiment.

Radio Peloton : Vous avez idée d’un sponsoring d’un club en région parisienne ?

Raphaël Taïeb : J’ai vraiment envie de me concentrer sur le projet que l’on lance avec Corbas. J’ai du mal à m’éparpiller, et puis ma vie est à Lyon désormais ! Je garde bien sûr un oeil affectif sur ce qu’il se passe en Île-de-France, ma région de naissance. Pourquoi pas un jour !

Radio Peloton : En quoi consiste votre pratique du vélo maintenant ?

Raphaël Taïeb : Je suis resté passionné. J’ai donc fait le choix d’aménager mes semaines pour continuer de pratiquer entre 10h et 15h par semaine. Je m’entraine pour progresser et prendre du plaisir dans l’effort. PMA, seuil, force : tout y passe ! A 34 ans les plus belles années sont sûrement derrière, mais je ne suis pas encore complètement rouillé. En pic de forme j’arrive à tenir des bons temps, comme dans la montée du Ventoux que j’ai bouclée en moins de 1h10 l’an dernier, ou comme sur quelques chronos et grimpées de la région que j’arrive encore à gagner parfois. La petite anecdote rigolote c’est que Julien Chave, le manager de l’équipe, m’avait initialement contacté pour rejoindre les rangs de la DN après m’avoir repéré sur un chrono ! Mais mes projets professionnels et ma vie familiale ne me permettaient pas de courir pour le club de façon régulière. Je sais maintenant que je ne passerai jamais pro, et ce projet est sans doute une façon pour moi de m’accrocher à ce rêve d’enfant et de le réaliser d’une façon un peu différente… en équipe !

 

Propos recueillis par Loïc Manceau.

 

Photo : Gérard Briand.