Interview de… Michel N’So

Ancien coureur du CSM Epinay-sur-Seine et de la Roue d’Or Conflanaise, Michel N’So est passé du cyclisme de compétition au Muay Thai après dix ans dans le milieu cycliste. Le fils du président de l’EC Morsang-sur-Orge Félipe N’So revient sur son parcours.

« j’ai vraiment compris les exigences qu’il fallait pour être performant »

Radio Peloton : Michel, que retenez-vous de vos années dans le vélo ?

Michel N’So : C’est surtout l’esprit de camaraderie entre les gars. Il y avait toujours une bonne ambiance au départ des courses. Cette tension qui t’anime avant chaque coup de sifflet c’était excitant. Ce sport m’a appris beaucoup de chose sur moi et même et sur la vie en général.

Radio Peloton : Et sportivement ?

Michel N’So : je n’ai jamais gagné de courses, j’ai souvent fait des tops 10 en route et cyclo-cross. J’ai couru à l’époque en jeunes avec des mecs comme Yoann Offredo, Jimmy Turgis et Kevin Reza qui sont aujourd’hui des tops mondiaux. Ce qui était drôle c’est que j’étais nul à mes débuts et j’ai atteint mon meilleur niveau passé la vingtaine car c’est là que j’ai vraiment compris les exigences qu’il fallait pour être performant.

Radio Peloton : Vous êtes arrivé au cyclisme par votre père…

Michel N’So : Il a commencé le cyclisme à l’ECM aussi avec Jean-Philippe Minotte et il est toujours actif à ce jour. Je n’ai pas fait d’école de cyclisme ou quoi c’est lui qui m’a tout appris. Mon père dans le milieu tout le monde le connait. C’était un des premiers black dans le circuit donc il ne passait pas inaperçu (sourires).

Radio Peloton : Pourquoi avoir stoppé le cyclisme de compétition ?

Michel N’So : J’ai pris la décision d’arrêter car je n’avais plus l’envie ni la motivation. Ce que les gens ne savent pas en général, c’est que c’est un des sports les plus difficiles qui existe. Il faut une rigueur d’entrainement et une motivation sans faille à tous niveaux pour réussir ou ne serait-ce que juste pour être dans le coup. Moi je ne voulais pas devenir professionnel ou autre, mon objectif c’était de finir mes courses ‘dans le coup’ chaque week-end. Il faut savoir que je suis issu d’un quartier difficile à Mantes la Jolie et que le cyclisme n’est pas un sport populaire dans les banlieues du coup j’étais souvent seul pour aller m’entraîner et à la longue j’en ai eu marre.

Michel N’So à l’époque sous le maillot de la Roue d’Or Conflanaise (photo : Martial Denais).

 

Radio Peloton : Vous avez aussi pratiqué d’autres sports …

Michel N’So : En parallèle du vélo, je pratiquais la boxe et le handball. J’ai réussi à intégrer l’équipe de Mantes de hand en tant que joueur puis j’y ai trouvé ma place en tant que gardien de but titulaire. On était a un très bon niveau régional et j’ai fait pas mal de compétitions et de tournois de haut niveau.

Radio Peloton : Avant de vous tourner définitivement vers la boxe …

Michel N’So : J’ai trouvé mes vrais repères dans la boxe tout simplement parce que j’ai toujours aimé ça. J’ai toujours été un bagarreur dans l’âme et même pendant les courses de vélo, on me connaissait pour avoir un tempérament assez fort et un brin provocateur un peu du style à Nacer Bouhanni.

Radio Peloton : Qu’est ce vous aimez dans ce sport ?

Michel N’So : Dans ce sport ce que j’aime c’est que tu es seul face à toi même. Quand tu montes sur un ring tu affrontes un adversaire certes mais ton plus grand combat c’est contre toi-même. Ton coach va te donner quelques consignes mais c’est toi qui mène ton combat et la tu es seul personne ne pourra monter avec toi en cas de difficultés.

 

Radio Peloton : Quel parallèle faites-vous entre le cyclisme et la boxe ?

Michel N’So : Il existe beaucoup de similitudes entre la boxe et le cyclisme. L’entrainement déjà. Moi je suis sur une base de 25h par semaine qui peut aller jusqu’à 30h lors de mes preparations de combats. On y alterne seances de courses à pied en travail de fond, d’endurance et de fractionné, elements que l’on travaille aussi en velo. Le coté alimentaire est aussi le meme. Il faut savoir qu’en kickboxing, on est assignés à des catégories de poids. Je boxe en 70kgs mais il peut m’arriver de boxer à 67 kgs. Du coup, le regime alimentaire est strict pour maintenir le poids tout au long de l’année pour garder une forme et une endurance musculaire et un rapport poids/puissance au top. Le stress avant de monter sur le ring est identique au à celui que tu as avant le coup de sifflet du départ. Pour finir la notion de dépassement de soi est similaire

Radio Peloton : Et puis le travail aussi pour atteindre ses objectifs…

Michel N’So : Le cyclisme est un sport qui à sa science de la course comme la boxe à sa science du combat. Beaucoup de gens regardent des courses de velo et voient seulement des gens pédaler mais ils ne savent pas à quel point ce sport est strategique tout comme en kickboxing on ne fait pas que se taper dessus. Chaque phase de combat à sa particularité.

Michel N’So est maintenant boxeur professionnel. (Photo: DR).

 

Radio Peloton : Et alors sportivement que donne votre reconversion ?

Michel N’So : A ce jour, j’ai un palmarès professionnel de 42 combats (29V 11D 2N). J’ai la chance de pouvoir boxer dans de grands évènements reconnus en France et à l’etranger comme le Glory ou le Muay Thai Grand Prix. J’ai eu l’opportunité de disputer un titre mondial au mois de juin dernier en Grèce contre un top mondial de ma catégorie. Je me suis incliné aux points mais j’ai beaucoup appris de ce combat et des exigences que ce sport demande pour performer au haut niveau

Radio Peloton : Avec quels objectifs ?

Michel N’So : Continuer de m’entraîner dur pour obtenir la version la plus parfaite de moi même pour continuer de boxer au plus haut niveau mondial.

 

Photos : Martial Denais et DR.