Que deviens-tu… Barbara Fonseca ?

La rubrique « Que deviens-tu » est de retour à l’aube de cette nouvelle saison cycliste ! C’est Barbara Fonseca qui ouvre le bal du roman 2017. Bien connue du cyclisme bourguignon pour avoir longtemps porté le maillot du VC Sens, le jeune femme de 26 ans se remet en selle cette année !

« Le sport est l’école de la vie »

Radiopeloton : Barbara, voilà maintenant six ans que vous n’avez plus recouru…

Barbara Fonseca : J’ai arrêté les compétitions à l’été 2011 en fin de licence pour officiellement me consacrer à mon master. Officieusement, malgré une bonne saison j’ai eu besoin de passer à autre chose, de sortir de ce monde très fermé, de découvrir d’autres sports, et de côtoyer des personnes d’autres milieux. Je n’ai même pas terminé la saison, j’ai raccroché le vélo début juin malgré une sélection au championnat de France un mois plus tard. Je me suis remise en question toute la saison, je me questionnais beaucoup sur le rapport que j’avais au vélo, si j’aimais toujours ça, si je prenais plaisir en dehors des compétitions. Et je me suis dis que si ces questions arrivaient il était temps d’arrêter.

Radiopeloton : Comment êtes-vous venue au vélo ?

Barbara Fonseca : Mon père, un peu par hasard. J’ai commencé par le football mais à 6 ans déjà je jouais uniquement pour gagner.J’avais beaucoup de mal à supporter le coté collectif. J’ai donc terminé la saison et me suis mise à accompagner les entraînements de course à pied de mon père, en vélo. Il a eu l’idée de m’emmener voir un cyclocross près de chez moi. J’ai vu les garçons rouler dans la boue, et traverser un petit cour d’eau. J’ai voulu faire pareil. A ce moment là, mes parents ne savaient pas encore qu’ils m’emmèneraient sur les courses chaque dimanche pendant plus de 15 ans (rires).

Radiopeloton: De belles années avec un dossard accroché au dos…

Barbara Fonseca : Je retiens tous les moments forts ; les premiers championnats de France, la toute première coupe de France, les moments où l’on lève les bras, les quelques rares victoires devant les garçons, les moments en équipe avec les filles de Bourgogne notamment, ceux avec mes compagnons d’entrainement qui avaient parfois du mal à me supporter, et tant d’autres encore.Mais je retiens aussi des moments plus sombres, les désillusions notamment, les larmes quelques fois, et le travail qui ne paye pas toujours. Ce sont des moments qui remettent les pieds sur terre et font grandir. Je pense sincèrement que le sport est l’école de la vie. Ces moments là, ces émotions aussi fortes on ne peut pas les vivre ailleurs.

Radiopeloton : Quel rapport avez-vous avec la compétition cycliste maintenant ?

Barbara Fonseca : J’en suis loin pour l’instant. Je ne suis pas vraiment les résultats, que ce soit ceux des hommes ou ceux des femmes, en amateur ou en pro.Je ne vais que très rarement sur une course de vélo. J’ai changé de région entre temps, et je ne connais pas forcément les coureurs  pour aller les suivre sur le bord des routes.

Radiopeloton : Et votre meilleur souvenir en quinze ans restera ?

Barbara Fonseca : C’est bête, mais c’est ma première course. J’étais surexcitée depuis une semaine. Nous avions fait une mini course à l’entrainement avec mon club en cyclo-cross le mercredi précédent. J’avais battu tous les garçons  et l’entraîneur m’avait dit que si je faisais la même chose le dimanche, je finirai sur le podium et aurais une coupe. Je le répétais à mes parents chaque jour en sautant partout, même s’ils tentaient de me raisonner en me disant qu’il y aurait d’autres adversaires.
Sur la ligne de départ j’étais remonté à bloc, je n’avais même pas compris qu’il y avait une sorte de départ fictif et que les encadrants ne nous laissaient accélérer que plus tard. Je n’attendais qu’une chose : que la course démarre enfin. J’avais fini deuxième, et avais eu ma coupe. J’étais hyper fière sur le podium. Le virus était lancé.

 

1935729_1233636636142_3222859_n
Ça roule pour Barbara Fonseca !

 

Radiopeloton : Vous allez participer au projet « Donnons des Elles au vélo », cet été…

Barbara Fonseca : J’ai suivi le projet des filles de « Donnons des Elle au vélo » l’an dernier. J’ai trouvé l’idée vraiment chouette de faire à la fois un défi sportif, une aventure humaine, en même temps que la promotion du cyclisme féminin.Pendant mes années de cycliste j’ai constaté que toutes les filles ou presque viennent au vélo grâce leur père ou leur frère. Moi j’y étais venue par moi même, ce qui est plutôt rare, et qui selon moi devrait être plus fréquent. Toutes les filles devraient avoir l’opportunité de pratiquer n’importe quel sport, du moment que le choix vienne d’elles. J’ai contacté les filles du club, et elles m’ont rapidement intégré au projet. Nous sommes toutes engagées dans le projet pour mettre notre pierre à l’édifice.

Radiopeloton: Qu’attendez-vous de cette expérience ?

Barbara Fonseca : D’un point de vue strictement personnel, malgré le triathlon, duathlon que je pratique, le vélo me manque. C’était l’occasion de me fixer un objectif, de me prouver que je suis toujours capable d’enchaîner les kilomètres. J’ai besoin de me dépasser à nouveau sous une forme différente de ce que j’ai fait par le passé.
D’un point de vue plus large, c’est aussi l’expérience humaine qui m’attire. Ce genre de défi entraîne une très grande cohésion, et des amitiés fortes.

Radiopeloton : En attendant d’autres défis ?

Barbara Fonseca: Le club présente des sections de tous les niveaux, et pas uniquement une DN. Du coup, après le Tour de France, il est possible que je fasse un retour à la compétition, car l’ambiance qui règne entre les filles est vraiment chouette, elles ont une véritable cohésion. Les entraînements avec elles m’ont permis de retrouver du plaisir dans la difficulté, alors pourquoi pas ?

Propos recueillis par Loïc Manceau.

Photo : Divers sources.